“Les maternelles”

Jessica, Perla, Julie et Ariane sont des adolescentes en rupture, déjà mamans ou sur le point de l’être. Toutes trouvent refuge dans une maison maternelle à Liège, s’interrogeant sur leur avenir et celui de leur bébé.

Jessica affiche encore un visage juvénile, marqué par l’inquiétude plutôt que l’insouciance. Il suffit d’un mouvement de caméra descendant pour découvrir son ventre tout rond. Gagnée par l’angoisse, elle espère rencontrer sa mère pour la première fois et comprendre pourquoi elle a été abandonnée.

Des parents absents ou instables, dévorés par l’alcool, la violence ou le désespoir, ont fait de ces filles des cabossées. Heureusement qu’il existe en Belgique des structures bienveillantes habitées par des anges gardiennes qu’on aurait aimé mieux connaître. Julie et son fiancé Dylan, seul père responsable du film, rappellent le couple perdu de L’enfant – l’une des deux Palmes des frères – qui pensait que vendre son nourrisson était une solution. Cherchant à fuir la drogue et la rue, tous deux luttent pour reconstruire un foyer et croire encore à la famille.

Une fois n’est pas coutume, les réalisateurs ne s’accrochent pas à une seule histoire et préfèrent la mêler à une chorale, quitte à échantillonner l’évolution de leurs héroïnes. On craint également un effet étouffe à la Ken Loach qui verserait trop vite dans le misérabilisme pour chercher à nous convaincre. Mais dans ce cinéma, les lueurs d’espoir existent encore auprès de ces jeunes courageuses qui s’évertuent à casser le déterminisme. Même si certaines optent pour la séparation, résonnent en chacune les vers d’Apollinaire : « Et souviens-toi que je t’attends. »

(6.5/10)… Voir plus

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