Critique23. Dezember 2024 Cineman Redaktion e2yp

Critique du long-métrage «Le Déluge», filmer la chute t4k6m

Critique du long-métrage «Le Déluge», filmer la chute
© 2024 Xenix Filmdistribution GmbH

Avec «Le Déluge», Gianluca Jodice réalise un film historique aux choix efficaces et à l’esthétique léchée. Cependant, son discours plus général et la vision qu’il transmet des événements dits ont de quoi déranger.

(Un texte de Colin Schwab)

1792, suite à la Révolution et à la chute de la monarchie, Louis XIV (Guillaume Canet), Marie-Antoinette (Mélanie Laurent) et leurs proches sont incarcéré·e·s à la prison du temple. Dans l’attente du procès qui scellera leur sort, iels vivent épris·e·s d’angoisse et de peur, tout comme d’espoir. Quelles répercussions la chute qui semble les attendre aura-t-elle réellement? Dans ce climat instable, les masques sociaux de la famille royale s’effritent.

Là où «Le Déluge» frappe juste, c’est dans son choix ionnant d’ancrage historique et dans le point de vue par lequel il nous donne à le voir. On expérimente un monumental changement d’organisation sociétale par le point de vue des individus qu’il impacte le plus directement et violemment: celleux qui étaient les représentant·e·s de Dieu sur terre à l’instant où iels se changent, soudainement, en de simples citoyen·ne·s, voire-même des indésirables. Ce retournement si abrupt et drastique provoque en nous un fort sentiment d’absurde.

Ce que le film propose alors, élégamment, c’est de peser et de ressentir la manière dont les prismes politiques et idéologiques en vigueur dans un territoire modifient notre lien au réel. Le rapport au monde humain en est presque indissociable, ne peut se défaire de leur influence : «Le Déluge» nous donne une bonne occasion de ne pas l’oublier.

Critique de «Le Déluge», filmer la chute
Mélanie Laurent et Guillaume Canet dans «Le Déluge» © 2024 Xenix Filmdistribution GmbH

Cette mutation et l’impact qu’elle a sur nos protagonistes sont pertinemment traduits esthétiquement: à la stabilité et la symétrie des plans sur rail du début du long-métrage répondent soudainement des plans à l’épaule, beaucoup plus chancelants. L’équilibre du monde a changé, les reines et les rois n’en sont plus graciés. Classique, mais efficace et bien exécuté.

Mais, à cette maîtrise formelle et aux quelques magnifiques plans qui ponctuent le film, répondent un discours trop unidimensionnel. Car le film semble obsédé par le fait de nous faire entrer en empathie avec cette famille royale, et, d’un même geste, de travailler contre l’image résolument positive qu’ont la Révolution française et ses répercussions dans l’imaginaire commun. Mais, du fait qu’il ne nous montre que la face sombre et absurde de cet événement, il finit, à son tour, par nous proposer une représentation manquant d’ambiguïté.

Ainsi, la cause pour laquelle la majorité de la population se battait à cette période semble n’y avoir aucun sens: alors, la violence perpétrée par ces sphères sociales pour arriver au changement paraît profondément injuste et cruelle. Proposer de nouveaux points de vue sur l’Histoire, voilà qui est toujours intéressant. Que ces derniers nous transmettent une vision multidimensionnelle, voilà qui l’est encore plus.

Plus d'informations sur «Le Déluge»

Bande-annonce du film «Le Déluge» 5n2b4f

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