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Mémoires d'un escargot Australie 2024 – 95min. 445e5c
Critique du film 4n312e
Cristal du long métrage à Annecy 2024 i166q
Œuvre singulière et marquante, le drame en stop-motion de l’Australien Adam Elliot retrace les malheurs d’une orpheline collectionneuse d’escargots.
Mondialement célèbre, le Festival international du film d'animation d’Annecy s’est achevé samedi 15 juin sur un record de participation, avec 17’400 accrédités en provenance de 103 pays. Quinze ans après avoir obtenu la récompense suprême pour «Mary et Max», l’Australien Chiara Malta. Ce dernier était d’ailleurs aussi coloré et désopilant que «Memoir of a Snail» se révèle gris et déprimant…
Lorsque le générique de fin démarre, les yeux embués de larmes, on se dit que l’on vient d’assister à une œuvre forte, puissante, extrêmement qualitative… mais trop plombante pour que l’on se sente capable de crier au génie. Solitude, maladie, séparation, deuil, harcèlement… Adam Elliot n’y va pas de main morte pour raconter l’histoire de Grace. Lorsqu’elle et son jumeau Gilbert naissent, leur mère meurt en couche. Élevés dans la pauvreté, marginaux, harcelés à l’école, les deux enfants grandissent avec des ions improbables: la collection d’escargots pour Grace, qui a pour seule envie de rester cachée dans sa coquille, la magie et le feu pour Gilbert, qui rêve d’être artiste de rue à Paris comme l’était son père pour échapper à sa réalité.
Plus tard, leur père paraplégique et alcoolique meurt à son tour. Grace et Gilbert sont alors arrachés l’un à l’autre et envoyés aux deux bouts de l’Australie. Alors que Gilbert atterrit dans une famille de fanatiques religieux, les malheurs continuent pour Grace, qui a pour seules amies l’escargot Sylvia et une octogénaire excentrique prénommée Pinky.
Traits du visage tirés vers le bas, grands yeux tristes, vêtements sombres: l’univers visuel et la palette graphique terne utilisés dans «Memoir of a Snail» collent parfaitement au récit morose qu’il raconte. Du scénario à l’écran, le long métrage d’1h30 a pris huit ans à se faire. Sept animateurs ont travaillé durant huit mois sur le tournage, produisant chacun une dizaine de secondes par jour. Plus de 200 personnages, environ 200 décors et 5000 accessoires ont été fabriqués à la main de manière traditionnelle et aucune image du film n’a été générée par ordinateur. Le feu a par exemple été fabriqué avec du cellophane jaune, et la fumée avec du coton.
Chronique tragique et cruelle, toutefois dotée d’humour noir et d’une once d’espoir, «Memoir of a Snail» est de ces œuvres qui embarquent, qui captivent, et dont l’on se souviendra probablement longtemps. L’atypique Grace provoque immédiatement l’empathie, tout comme le doux Gilbert et la joyeuse Pinky, la seule à croquer la vie à pleines dents. C’est elle qui apportera par petites doses joie et espoir salvateur. À la coquille d’escargot comme refuge, pour se cacher, pour devenir invisible, succèdera ainsi l’envie de se battre contre les cages, celles dans lesquelles on nous enferme, mais surtout celles que l’on crée soi-même.
(Festival d’animation d’Annecy 2024)
Votre note a3m61
CommentairesPlus 1ze2i
“Coquille pleine”
Grace Pudel vient de perdre Pinky, sa grand-mère adoptive qui était aussi sa meilleure amie. C’est l’occasion pour la jeune fille de nous raconter sa triste existence et la séparation douloureuse qu’elle a subie avec son frère jumeau Gilbert.
Les morts se ramassent à la pelle dans l’univers bien cruel d’Adam Elliot. Alcoolisme, extrémisme religieux, masturbation, complexe de Diogène, fétichisme toxique se mélangent sans complexe. De quoi éloigner les enfants et perturber les adultes mal préparés. Mais en cette noirceur étouffante, étincelle de la poésie. Les personnages laids et modelés expriment de la beauté à travers leurs gestes, à l’animation quasi parfaite, ainsi que dans leurs gros yeux le plus souvent mouillés. L’humour éclate aussi la bulle du tragique et permet de fondre un tant soit peu le plomb. Si l’excentrique Pinky, partenaire pongiste de Fidel Castro, a perdu un doigt, c’est en dansant sur un bar, juste en dessous d’un ventilateur…
La morale de ce film grisé encourage la résilience en allant de l’avant. Malgré les peines ées, Grace, hélicultrice amatrice et solitaire, doit oser sortir de sa coquille. Il lui faudra davantage que l’art du Kintsugi pour réparer ses blessures et permettre à ses cicatrices de sourire à nouveau.
(6.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 4 mois
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